Pays : France
Région : Lorraine
Département : Meuse (55)
Arrondissement : Bar-le-Duc
Canton : Ligny-en-Barrois
Localité : Ligny-en-Barrois
Vocable : Notre Dame des Vertus
Supports du vocable : Eglise paroissiale Notre
Dame des Vertus. Peinture sur soie ou très fine étoffe
représentant une Vierge à l’Enfant, dite Notre
Dame des Vertus, d’abord vénérée dans
la collégiale du château de Ligny depuis son arrivée
à Ligny
(2 février 1459), puis transférée dans l’église
paroissiale en 1793.
Autre support du vocable : Notre Dame des Vertus,
institution des soeurs de la doctrine chrétienne, sous tutelle
du diocèse depuis 2003 (école maternelle, école
primaire et lycée professionnel), formant avec le collège
Bienheureux Pierre de Luxembourg l’Ensemble Scolaire Catholique
de Ligny.
Histoire de la dévotion locale à la Vierge
(en dehors du vocable) : Au Xe s, Saint Gérard consacra
la première église de Ligny, qui semble avoir été
à l’emplacement de la collégiale, sous le titre
de Notre-Dame et de Saint-Epvre. En 1197, Agnès de Champagne,
comtesse de Bar, et son fils Thibaut Ier fondèrent la première
collégiale près du château de Ligny.
Tradition sur l’histoire de la peinture :
Précieuse relique familiale de la dynastie d’Anjou-Sicile
initiée par Charles Ier d’Anjou, frère de Saint
Louis, et dont le dernier représentant fut le roi René
d’Anjou, elle serait la partie centrale du gonfalon
peint donné, selon l’usage, par le pape
à Charles Ier d’Anjou lorsque celui-ci fut couronné
roi de Naples, avant de vaincre Manfred à
la bataille de Bénévent ( 21 février 1266)..
Tradition sur l’arrivée de la peinture à
Ligny : Quand le roi d’Aragon eut supplanté
le roi René d’Anjou
à Naples, celui-ci la fit récupérer par son
ambassadeur, Antoine de la Sale, au couvent de Capri fondé
par la reine Jeanne Ière dont il était l’héritier.
Ce fut ce même Antoine de la
Sale qui rapporta la peinture de la Vierge en Lorraine.
Date donnée pour le début de la dévotion
locale à l’Image de la Vierge :
2 février 1459, date à laquelle Antoine de la Sale,
à son retour de Naples, la remit à la collégiale
de Ligny,au cours d’une grande solennité .
Nom donné alors à la Vierge de Ligny : Image
de Notre Dame de Saint Luc, ce qui indique une probabilité
d’origine byzantine, qui cadre bien avec l’Italie du
Sud. On l’appelait aussi la Sainte Image.
Date la plus ancienne de l’apparition du vocable
à Ligny : 1544.
Plus ancienne date connue de la dévotion locale
à la Vierge sous le vocable: 8 juillet 1549,
date à laquelle Marguerite de Savoie, comtesse de Ligny,
fonda des prières à réciter « devant
l’Image de Notre Dame des Vertus ».
Première hypothèse pour l’introduction
du nouveau vocable :
Selon Mgr Aimond cité par l’abbé Adam : «
La dévotion de Notre Dame des Vertus est née des malheurs
de Ligny et de la Maison de Luxembourg au 16e s. »
Deuxième hypothèse pour l’introduction
du nouveau vocable : Egalement cité par l’abbé
Adam, l’abbé Vautrot, aumônier
du Carmel de St Mihiel, suggérait l’hypothèse
espagnole. Il est vrai que le thème espagnol, sous-jacent
depuis Capri, reparaît à Ligny avec la prise du château
et l’épisode du général. Mais il ne faut
pas oublier qu’on n’avait pas besoin des armées
de Charles-Quint pour détecter une influence espagnole à
Ligny, puisque, par sa mère Violenta (Yolande), René
d’Anjou était le petit-fils du roi d’Aragon.
Troisième hypothèse pour l’introduction
du nouveau vocable : L’abbé Adam fait remonter
à Lucien Braye l’idée
d’établir une relation entre le vocable des Vertus,
et le monastère d’Annonciades de Ligny. Il est vrai
que la comtesse de Ligny, Marguerite de Savoie,
a beaucoup favorisé le développement des
Franciscains et des Annonciades.
Et le rayonnement à Ligny de «l’ordre des 10
Plaisirs ou des 10 Vertus de la Vierge Marie» a certainement
joué un rôle décisif dans la propagation du
vocable.
Confrontation entre les traditions sur l’Image et
les conclusions de son expertise: Les spécialistes
qui ont examiné la Vierge de Ligny la reconnaissent pour
une œuvre d’inspiration flamande
ou rhénane, de la fin du XVe s ou du 1er quart du XVIe s,
certains étant encore plus précis et la rendant à
l’Ecole de Tournai du XVe s. On retrouve des conclusions assez
analogues à celles qu’on a obtenues pour Notre Dame
des Vertus de Dinan. L’explication doit être la même
que pour la statue. La peinture du XIIIe s a dû être
détruite et remplacée par celle du XVe s.
Histoire de la dévotion : C’est essentiellement
l’histoire des miracles. Ils ont toujours touché beaucoup
d’enfants, mais aussi des personnes de tous âges et
de toutes conditions. Ininterrompus depuis 1459, ils continuent
de nos jours.
Etat actuel de la dévotion : La fête
de Notre Dame des Vertus continue à être célébrée,
le 5e dimanche après Pâques, suivant la tradition instituée
depuis 1797. Elle débute, l’après-midi du vendredi,
par la cérémonie de
« la descente de Notre Dame», qui en reste la partie
la plus ancienne et la plus caractéristique. La fête
religieuse se clôture le dimanche, après la messe,
par une procession, et une grande fête populaire lui succède
pendant tout l’après-midi.
Sources :
Abbé Souhaut. Histoire de l’Image miraculeuse de Notre-Dame
des Vertus de Ligny-en-Barrois. Imprimerie Saint-Paul. Bar-le-Duc.
1901
Abbé R.Adam. Curé d’Houdelaincourt . Notre
Dame des Vertus - « La Bonne Notre-Dame de Ligny ».
1935
Chanoine Camille-Paul Joignon . En plein cœur du Barrois.
Imprimerie Saint Paul.
Bar-le-Duc. 1951.
Remerciements : à l'Office de Tourisme
de Ligny et à Mme Jocelyne Linard.
Liens :
http://www.chambre-meurthe-moselle.notaires.fr/meuse/circuit14.htm
Circuit Ligny-en-Barrois, sud meusien
http://jeannined.free.fr/Givrauval/images/eglise_ligny.jpg
Eglise Notre Dame des Vertus
http://jeannined.free.fr/Givrauval/images/ligny_facade_eglise.jpg
Façade de l’église Notre Dame des Vertus
http://www.lexpress.fr/services/lycees/lyceep.asp?id=0550700M
Lycée Notre Dame des Vertus
http://www.museevirtuel.ca/Francais/Gallery/static/
WilliamBrymner18112002_page1.html
Chercher le tableau de William Brymner représentant le Monastère
de Chartreux de Capri où Antoine de la Sale est venu récupérer
la peinture de la Vierge de Ligny, sur l’ordre de René
d’Anjou
http://perso.wanadoo.fr/jean-claude.colrat/1anjou.htm
René d’Anjou, duc de Bar
http://www.unibuc.ro/eBooks/lls/MihaelaVoicuLaLiterature
/ANTOINE%20DE%20LA%20SALE.htm
Le roman et la nouvelle au XVe siècle. Antoine de la Sale
http://missel.free.fr/Sanctoral/02/04.php
4 février Sainte Jeanne de France
gonfalon : On ne peut manquer
d’être frappé par la concordance entre le pèlerinage
de Henri d’Avaugour à Assise, et sa visite à
Saint Bonaventure qui lui remit Notre Dame des Vertus de Dinan autour
de 1250, et le lieu ( Rome) et la date (milieu du XIIIe siècle)
de la remise par le pape de Notre Dame des Vertus de Ligny, à
Charles Ier d’Anjou.
pape : Le pape au moment du couronnement
de Charles Ier était Clément IV, mais, avant lui,
Urbain IV avait déjà appelé Charles d’Anjou
à reconquérir le sud de l’Italie sur Manfred,
en lui promettant la couronne de Naples. L’expédition
était assimilée à une Croisade.
Naples : Après Charles Ier d’Anjou,
cette relique familiale se transmit dans la famille d’une
génération à l’autre, jusqu’à
la reine Jeanne Ière de Naples ( 1326-1382) qui était
l’arrière-arrière-petite–fille de Charles
Ier. Elle la déposa à Capri, dans le couvent de Chartreux
qu’elle avait fondé pour y abriter sa sépulture
René d’Anjou (1409-1480),
second fils de Louis II d’Anjou et de Yolande d’Aragon,
avait des titres et des possessions dans tant de pays qu’on
se demande comment il arrivait à tout gérer. Car,
pour ne citer que ses titres principaux, il était comte et
dernier souverain indépendant de Provence, duc d’Anjou,
de Bar et de Lorraine (il fut obligé de renoncer à
ce duché en 1453), et roi de Naples,de Sicile, de Hongrie
et de Jérusalem. Il est vrai que ses royautés étaient
assez théoriques, sauf celle de Naples dont il fut le roi
effectif, mais éphémère (1439-1442). Mais il
en avait pris son parti, étant fataliste, sensible et tolérant,
mais aussi plein d’humour, et rêveur avec une nuance
de provocation, car il faisait figurer dans son blason les armes
de ses royaumes virtuels avant celles de ses possessions réelles
. Sa destinée est singulière puisque, chassé
en 1442 de son royaume de Naples par Alphonse V d’Aragon (1396-1458),
il fut choisi, en 1466, en tant que fils de Yolande d’Aragon,
comme roi d’Aragon et de Majorque par les nobles aragonais
révoltés contre leur roi Jean II ! C’est à
ce prince européen, raffiné et esthète, et
à son royaume perdu de Naples, qu’est rattachée
l’histoire de la Vierge de Ligny.
Antoine de la Sale (1385–1460 ?), gentilhomme
provençal, fut d’abord attaché au roi René
d’Anjou et précepteur de son fils, avant de passer
en 1448, au service de Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol et
de Ligny. Diplomate habile et remarquable homme de cour, il fut
aussi un homme de lettres, qui s’est surtout rendu célèbre
par son chef-d’œuvre, Le Petit Jehan de Saintré
(1456), parodie pleine d’humour des romans de chevalerie.
1544 : Il est très intéressant
de constater que le chanoine Melchior,
qui est l’informateur principal pour tout ce qui touche à
la Sainte Image de Ligny , ne l’appelle jamais Notre Dame
des Vertus avant la prise de Ligny par les Espagnols,
le 29 juin 1544.
Melchior : Sans doute le chanoine Melchior
Mestre, dit Melchior Major, qui siégea au Chapitre de Ligny
depuis 1566 jusqu’en 1588. Son manuscrit (perdu) de 1581 constitue
néanmoins une source d’informations irremplaçable,
puisqu’il nous est parvenu, avec des variantes infimes, à
travers quatre copies du XVIIIe s, dont les dates s’échelonnent
de 1717 à 1825.
Espagnols : François
Ier ayant publié sa déclaration de guerre à
la Maison d’Autriche, du 12 juillet 1542, depuis le château
de Ligny, Charles-Quint mit un soin particulier à prendre
la ville d’assaut, le 29 juin 1544, et fit prisonnier le comte
de Ligny, Antoine de Luxembourg, et son épouse, Marguerite
de Savoie. A cette occasion, la Vierge de Ligny fut emportée
par un général espagnol qui,dans sa précipitation
pour partir pour Saint Dizier, l’oublia sous son lit où
il l’avait cachée, ce qui fut considéré
comme un miracle.
1549 : Il faut noter que, quand Marguerite de
Savoie, fonda les prières à réciter devant
l’Image de la Vierge, elle devait les dire devant une copie,
car elle n’avait pas encore récupéré
l’original. C’est seulement le 2 février 1581,
au cours d’une cérémonie solennelle , que l’Image
de Notre Dame des Vertus revint en sa collégiale.
1581: C’est également la date à
laquelle Melchior Major écrivit son manuscrit.
l’abbé Vautrot
: Il écrit dans une lettre du 8 mai 1940 à l’abbé
Adam: « Le titre des Vertus apparaît à Ligny
au 16e s,à l’heure où la péninsule ibérique,
par St Jean de la Croix, Ste Thérèse d’Avila,
Marie d’Agréda, fait passer chez nous une spiritualité
renouvelée. Nous étions, dans notre région,
particulièrement placés pour recevoir cet apport nouveau
de mystique » ( à cause du voisinage des Pays-Bas,
possession du monarque espagnol Charles-Quint, et des interventions
de ses armées.) « Ne doit-on pas aux Espagnols le culte
de Notre Dame de Montserrat, à Halles, dans le Nord de la
Meuse ?»
Lucien Braye était un érudit
du Barrois. Il a publié entre autres : René de Chalon
et le mausolée du cœur, à l’Imprimerie
Contan Laguerre, Bar-le-Duc, 1924.
Savoie : La Maison de Savoie avait en effet
une dévotion traditionnelle pour le mystère de l’Annonciation.
Franciscains : Les Cordeliers furent
les premiers à s’établir à Ligny (1479).
Annonciades : L’ordre
des Annonciades fut fondé en 1504 par Sainte Jeanne de Valois
ou de France, fille de Louis XI, ex-épouse de Louis XII,
et duchesse de Berry. Marguerite de Savoie était particulièrement
sensible à la spiritualité des Annonciades. Les premières
Annonciades, au nombre de 4, arrivèrent de Bourges en 1554.
flamande : Cependant, il existe dans une
collection privée un frère jumeau du tableau, sur
bois et non sur soie, qui semble provenir de la région de
Florence, ce qui ne le rattache pas pour autant à un style
italien, mais ramène à une origine italienne, même
si elle est décalée dans le temps par rapport à
l’époque de Charles Ier d’Anjou.
« la descente de Notre Dame
» : Avec d’infinies précautions,on descend
le Saint Tableau de son reliquaire et on le porte en procession
sur un trône dressé dans le choeur. Après quoi,clergé
et fidèles « passent sous Notre Dame », en baisant
le pan du voile qui décore son cadre.
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